Pour une réforme de l'apprentissage musical à Paris


Bienvenue sur le site du collectif "Parents pour la musique" !


Notre objectif est de mobiliser les élus de la Ville de Paris pour que l'apprentissage de la musique soit rendu plus accessible aux enfants.


Sur ce site, nous rassemblons témoignages, articles et propositions en ce sens.

Nous proposons des actions concrètes, comme par exemple le projet "Un piano dans chaque école" dans le cadre du budget participatif 2015.


Rejoignez nous, pour que l'apprentissage de la musique soit ouvert à tous les enfants, épanouissant et source de talent !

Il faut réformer l'apprentissage de la musique


On pouvait lire récemment l’affirmation suivante sur le blog ResMusica : « la musique en France n’est pas un ciment de l’identité et de la culture de la Nation ». Triste constat. Est-ce là un marqueur de l’identité française ou le résultat d’une politique culturelle défaillante ? Quelle en est l’origine ?


Combien de français regrettent de ne pas avoir eu d’autre contact avec la pratique musicale que les inénarrables cours de flûte à bec à l’école ? Combien regrettent de n’avoir pas appris la musique, faute d’avoir été encouragés par leurs parents, eux-mêmes désabusés au souvenir des cours de solfège d’antan ? Ou simplement, de n’avoir pu accéder à quelque forme d’enseignement musical que ce soit ?

Aujourd’hui encore, inscrire ses enfants au conservatoire, en particulier à Paris, est un véritable parcours du combattant. Le manque de places est notoire, les méthodes d’apprentissage sont austères et décourageantes. Selon les rapports d’audit des conservatoires parisiens, elles conduisent 40 % des enfants à abandonner en fin de premier cycle, et à nouveau 60 % en fin de second cycle.

Le problème vient de la confusion entre deux missions bien distinctes : d’une part celle de l’apprentissage de la musique, qui devrait être ouvert à tous et épanouissant, d’autre part celle de la formation de musiciens professionnels, par nature exigeante et sélective.  Si cette dernière est jalousement revendiquée par les conservatoires, depuis leur création en 1795, l’apprentissage de la musique n’a en revanche jamais été clairement défini ni organisé. Aussi est-il réalisé vaille que vaille, sans démarche cohérente, au travers de structures de statuts divers, telles que l’école, les conservatoires, les associations, entre lesquelles n’existe ni dialogue ni fluidité de parcours.


Ainsi, dans les conservatoires municipaux, l’apprentissage initial est considéré comme la première étape de repérage des élèves les plus doués, ce qui explique l’élitisme et le manque d’ouverture qui y prévaut. Dans le même temps, à l’école primaire, la musique est considérée comme un enjeu mineur et les moyens qui lui sont alloués sont insuffisants. Quant aux associations musicales qui se créent pour pallier ces carences, faute de soutien public et de reconnaissance, elles sont très souvent dévalorisées voire dénigrées.

Une telle situation, particulièrement flagrante à Paris, n’est pas digne d’une ville se revendiquant « Capitale mondiale de la culture ». A Berlin, l’accès aux établissements d’enseignement musical est totalement libre. En Angleterre, la musique s’apprend à l’école. Dans ces pays, comme de nombreux autres en Europe et dans le monde, la pratique amateur n’est pas considérée comme du dilettantisme. Ils n’en forment pas moins des musiciens professionnels de haut niveau, au contraire. Oui, d’autres modèles sont possibles !

Sans doute est-ce cette prise de conscience qui a conduit Bruno Julliard, premier adjoint à la Maire de Paris, en charge de la culture, à s’exprimer en faveur d’une réforme des conservatoires parisiens dans un article du Monde paru le 17 novembre. Il y est notamment envisagé de revoir les procédures d’inscription... Pour sûr c’est indispensable, mais il faut aller beaucoup plus loin !

Il faut repenser l’apprentissage de la musique et en redéfinir la mission et les moyens. Cet apprentissage doit être ouvert à tous, épanouissant et source de talent. Pour  cela, il faut sortir de la logique d’établissement fermé qui caractérise les conservatoires. L’école publique, seule garante d’être accessible à tous les enfants, devrait y retrouver un rôle prépondérant. Dans le même temps, celui des associations musicales à même de l’appuyer doit être valorisé. Enfin, il faut ouvrir un accès équitable aux conservatoires, dont la mission pourra être recentrée sur la formation d’excellence. Ces évolutions supposent que les moyens associés soient également réexaminés et le cas échéant redistribués entre les différents acteurs.

Ces pistes sont bien sûr à approfondir. Mais la réflexion ne doit pas être confinée dans le cercle de l’administration culturelle et de l’institution musicale. La voix des parisiens, parents d’élèves, musiciens amateurs le cas échéant, citoyens et contribuables toujours, doit être écoutée et entendue. C’est pourquoi nous demandons l’organisation d’une concertation et d’un débat public pour une réforme de l’apprentissage de la musique.

Face aux réactions qui tendraient à minimiser l’enjeu de cet engagement, à ceux qui défendront le statu quo et les corporatismes en place, je réponds par avance. La musique est au cœur de toutes les civilisations. Comme l’exprimait Churchill lorsqu’on lui suggérait de réduire le budget de la culture afin de soutenir l’effort de guerre : « mais alors, pourquoi nous battons-nous » ? Pour nos enfants, face aux crises qui secouent le monde actuel, la musique n’est pas un luxe : elle est une force. Ne les laissons pas se la faire confisquer.

Erik Pharabod

7 commentaires:

  1. Que l'on n'aille pas dire que la république ne fait rien pour l'initiation musicale des jeunes! On forme des dumistes, l'enseignement musical fait partie des disciplines obligatoires à l'école, les facs forment les futurs certifiés et agrégés pour les collèges, on multiplie les partenariats entre l'éducation nationale et les institutions musicales sous forme de projets, et la Ville de Paris dispose d'un corps spécial de professeurs de musique à l'école....Et pas seulement la république: via internet, via les radios, l'accès aux médiathèques, les tarifs réduits pour les concerts, le peuple a largement accès à la musique savante! Simplement, ce qu'on ne veut pas admettre, c'est que tout le monde n'est pas passionné par la musique classique (et c'est le droit des gens de préférer la pop), n'a pas forcément envie de s'abonner à une salle de concert, et surtout, que tout le monde n'a pas été fait pour la pratiquer. Il faut un don, une oreille particulière, et des qualités d'abnégation, de patience et de discipline pour arriver à une pratique de niveau, qui seule procure épanouissement et élévation. C'est normal que des enfants essaient le conservatoire et arrêtent au bout de quelques années constatant qu'ils n'ont pas été faits pour cela, et c'est bien leur droit (qui n'a pas essayé une pratique quelconque pour l'arrêter un jour faute de temps et de motivation?). Quant aux conservatoires, ils sont tournés vers la pratique amateur et cela fait bien longtemps qu'ils ne produisent plus d'excellence. Le niveau des conservatoires aujourd'hui n'a rien à voir avec celui d'il y a 40 ans. Pas de faux problèmes: toutes les conditions existent aujourd'hui pour que l'initiation musicale soit à portée à tous, surtout dans les grandes villes. Simplement, il faut une cohérence d'ensemble, une articulation, des objectifs bien ciblés et une discussion de fond sur la place et le rôle des conservatoires. Notons aussi que dans de nombreux pays les structures associatives, les projets personnalisés, ont droit d'existence et de reconnaissance alors qu'en France, le système formatif et diplômant est verrouillé par le conservatoire et la pensée pédagogique unique. Et si on commençait à entrevoir que pratique musicale ne rime pas avec conservatoire et que la pluralité de l'offre permettrait à chacun de trouver le modèle et la pratique qui lui convient?

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    1. Vous avez raison ! Les efforts pour développer l’accès à la musique à l’école et dans les structures alternatives sont réels. Cependant, pour ce qui concerne la musique classique, ces apprentissages sont insuffisamment valorisés et reconnus et il n’y pas de passerelles suffisantes avec les conservatoires. Le modèle des conservatoires exacerbe le postulat selon lequel l'apprentissage de la musique classique n'a pas à être accessible à tous. Faute de place et de procédures d’inscription adaptées, ils ne permettent pas aux enfants de s’y essayer librement. Les conservatoires préfèrent assumer un processus de sélection des enfants dès leur plus jeune âge, fût-il aléatoire et voué à laisser en situation d’échec la plupart d’entre eux. Leur discours renvoie la frustration et la démotivation des enfants à la responsabilité des parents qui surestimeraient leurs capacités, voire méconnaîtraient leurs aspirations.
      L’enjeu est donc bien de s’affranchir de ce système normatif, comme vous l’exprimez très justement, en créant de la cohérence et de la fluidité entre les différentes approches, sans exclusive entre les différentes structures, ni entre musique classique et autres formes d’expression musicale.
      C’est tout le sens de la réforme que nous soutenons : le modèle de l’apprentissage de la musique doit être repensé et le rôle des conservatoires doit évoluer, afin que chaque enfant qui le désire puisse y trouver sa place à l’âge qui lui convient. Parmi les pistes que nous soutenons, reculer l’âge de l’entrée au conservatoire après que les enfants aient eu un premier accès à l’apprentissage de la musique dans le cadre ouvert de l’école nous semble réaliste et validé par les expériences à l’étranger.

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  2. Bonjour, voici le lien vers un article susceptible de vous intéresser :
    http://www.huffingtonpost.fr/murielle-radault/musique-en-conservatoire-enseignement-eleves_b_7069192.html?utm_hp_ref=fr-culture

    Sylvie

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    1. Merci ! J'ai ajouté le lien dans le paragraphe "un enseignement austère et décourageant". Murielle Radault avait également publié un très bon article dans le Monde sur ce sujet. Bien à vous,
      Erik

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  3. En fait, je crois qu'aujourd'hui nous avons les retours d'une grave erreur: celle d'avoir cru que la démocratisation des pratiques musicales passait par la multiplication des conservatoires....Ces derniers, naguère maisons d'artistes, y ont perdu leurs niveaux sans toutefois satisfaire le besoin normal et naturel de la personne qui, quel que soit son âge et son objectif, fait la démarche de s'y inscrire: la recherche d'un épanouissement, d'un bonheur dans une pratique constructive. Lorsque les conservatoires ne produisent ni artistes, ni professionnels (ces derniers étant majoritairement issus de familles de musiciens), ni amateurs (ceux qui continuent, par amour, de pratiquer bien après leur sortie du conservatoire) ni même mélomanes (ceux qui sont cultivés, curieux, abonnés aux concerts et acheteurs de disques), mais 80% d'amers, il faut se poser les vraies questions. Inutile d'invoquer le solfège (cette excellente discipline, démocratique et formative, ayant disparu depuis la réforme de 1976 pour être remplacée par la FM, qui est un échec total). Disons plutôt l'absence de finalité; à quoi sert vraiment le conservatoire? Il faut donc repenser les questions d'enseignement artistique en tenant compte de tout ce qui existe sur le territoire (éducation nationale, écoles maîtrisiennes, associations, écoles privées, maisons de la culture, etc) et en reconnaissant les autres modèles formatifs. Le moule unique est un totalitarisme, dans la république il est possible de passer le bac en candidat libre, d'être scolarisé dans le privé. En matière de musique, c'est le conservatoire ou rien. Anormal.

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  4. Réponses
    1. Vous avez parfaitement raison et vous exprimez très bien le problème existentiel des conservatoires, lesquels se défendent comme ils peuvent sur le mode "il faut que tout change pour que rien ne change". Mais c'est bien l'ensemble du dispositif qu'il faut repenser globalement en faisant appel à la diversité des structures d'apprentissage de la musique. Pour notre part, nous continuons à nous mobiliser auprès de la Mairie de Paris pour que l'école puisse y jouer un rôle accru, notamment au travers de notre projet "un piano dans chaque école" qui, pour symbolique et emblématique qu'il soit, reçoit à ce jour un écho très favorable.
      N'hésitez pas à nous contacter à l'adresse "parentspourlamusique@gmail.com" pour en discuter plus en détail.

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